samedi 22 mars 2008

Le récital

On donnait un récital au château du Mirand. On y chantait de la musique française et italienne, on y jouait de la harpe, des sonates venues de Prague. C’était une salle boisée, chaleureuse, confortable, trop décorée, mais à la sublime atmosphère.

C’était agréable. Il descendit les marches de la tour et s’offrit un crépuscule d’été. Là, il la retrouvait enfin: l’instant lui en rappelait d’autres tout aussi agréables. Elle était habillée en jaune, dans l’obscurité, on ne le voyait pas. Elle souriait, il toucha brièvement ses lèvres. C’était une douce soirée d’été. Un verre à la main, l’odeur du feu dans la grande salle, il passait un moment délicieux. Comment avait-il pu vivre sans Norine si longtemps? Tout devenait si simple et si doux.

Ils ressortirent avec d’autres amis. Dans le parc du château, on profitait de milliers d’étoiles. Il discutait et plaisantait, parlant du concert qui avait été très agréable, surtout le programme, très bien choisi. Une ancienne amante qui lui parut repoussant le salua, il lui rendit son salut par pure politesse. Maintenant, Norine était revenue. Elle souriait encore: il aimait la regarder. Elle avait des traits assez secs, mais un visage riant et beau; son habit était joliment formé par une poitrine ferme. Il avait envie de l’embrasser.

Peu à peu, les invités partirent, et lui et ses amis se décidèrent aussi à rentrer. Il inspira une dernière fois cet air du soir ô combien magique et frais: son regard parcourut le ciel. Elle était à ses côtés, il s’était senti revivre tout au long de la soirée.

Il quitta avec regrets les murs du château. En passant la porte, Norine avait disparue: elle n'était qu'un lointain souvenir de bonheur, la brise l'avait rappelée à ses pensées le temps d'une soirée. Le sourire aux lèvres, il en gardait désormais la liberté.

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