Trois femmes dansaient à la fenêtre. La cabane était au milieu du bois. Au clair de lune, elles semblaient nues. Il sortit de son lit, et les regarda: elles avaient de longs cheveux blonds ornés d’une couronne de vigne. Dans la nuit, elles semblaient nues. Il regarda encore: elles faisaient une ronde, dansantes dans l’herbe fraîche et tendre. La lune traçait un cercle lumineux sur le velours nocturne parsemé d’étoiles.
À la faveur des astres, le monde était indistinct. Une lumière jaillissait d'entre ces trois femmes.
- Levez-vous maintenant, fées et elfes, levez-vous donc!
Une poussière d’étoiles surgit devant lui: d’obscurs bosquets commençaient à sortir fées et centaures, esprits et anges.
-Allons, dansons maintenant!
Il revêtit un simple pantalon et sortit, c’était une nuit de plein été.
Les fées étaient bleues ou violettes, elles venaient en poussières d’étoiles. Elles portaient des robes de soie diaphanes. Toutes se mêlaient à la merveilleuse ronde, les trois femmes dansaient au centre. La lumière semblait jaillir de leurs pas, d’un puits qui n‘existait pas. Les centaures se tenaient autour, martelant le sol de leurs sabots. La fête était enivrante, cachée par la forêt, invisible. Au centre, le mystérieux trio tournoyait de plus belle, et toutes les danses semblaient y prendre leur rythme.
-Par les monts et les vaux, par le feu et par l’eau, annoncez, étoiles, la joyeuse fête qui se tient là!
Les astres se mirent à briller avec plus d’intensité, bien des étoiles volèrent son éclat au diamant lorsqu’il brille à la lueur d’une chandelle. On vit bientôt venir des elfes, leur visage reflétant un étrange amusement. Ils étaient vêtus d’or et d’argent, de robes scintillantes et légères qui ondulaient doucement dans la brise nocturne. Obéron, leur roi, vint en personne, ses cheveux sombres, son visage grave, le roi et son manteau doré.
-Chantons maintenant une berceuse pour ceux qui veulent au sommeil s’adonner. Que les araignées et les serpents tachetés se retirent pour ne point troubler le repos des invités.
Bonne nuit, bonne nuit! Chantez encore, elfes et fées, chantez encore cette mélopée, chantez-la à la forêt, chantez-la au ciel, qu’elle voyage sur la brise et enchante les rêves de ceux qui sommeillent!
Ils dorment tous, maintenant. Araignées et serpents, n’approchez plus, gardez votre poison. Deux fées firent sentinelles.
Les trois femmes arrêtèrent peu à peu de tournoyer, deux se retirèrent. La lumière perdit en intensité, mais gagna en beauté. Une seule resta, elle le regarda. Elle semblait nue. Elle fendit ses lèvres d’un sourire et lui tendit sa main. Toutes les fées s’étaient assises pour contempler leur union. Ses longs cheveux blonds tombaient sur ses épaules, elle avait le maintien d’une reine. Le roi des elfes fit alors dire aux arbres qu’elle était sa fille, et qu’il pouvait l’épouser. Il s’approcha et lui prit la main. La lumière s’étendit et se fit plus douce. Fées, elfes et centaures formèrent une allée pour les deux amoureux.
- Ce que tu vois cette nuit
Sera l’âme de ta vie
Éveille-toi pour toujours
Et offre-toi à l’amour
Les arbres fleurirent au passage des deux amants. Au bout du triomphe les attendait Obéron. Le roi déposa une couronne princière sur la tête du jeune époux, puis coiffa sa fille d’un diadème de perles. Ils plongèrent leurs yeux dans leur éternité et s'embrassèrent en arrêtant le temps.
Les fées se levèrent et reprirent leurs jeux. Il la perdit au fil d’une danse endiablée.
Par les collines et les bois vinrent alors clowns, jongleurs et cracheurs de feu. Tous se masquèrent et dansèrent encore à la faveur de la lune et des étoiles.
On sonna la fin des festivités. Obéron ordonna:
- À chaque lieu et chaque demeure, courez donner vos scintillantes couleurs. Reprenez votre refrain. Soyez pour ma fille et son prince la lumière sacrée de leur merveilleux amour. Que chacun soit fidèle à l’autre, et que leur descendance soit bénis pour des millénaires. Soyez toujours en paix mes enfants, aimez vous avez tendresse et passion. Allez maintenant, fées, esprits, et ne tardez plus. Revenez-moi au levé du jour.
Tous les esprits se changèrent en petites poussières colorées, et partirent dans un millier de directions.
Il s’éveilla sur l’herbe fraîche, la matinée était à sa moitié. Avait-il donc rêvé? Près du ruisseau, un petit personnage poussant une brouette le salua et lui compta ceci:
-De nous ne soyez point fâché
Vous n’avez fait que sommeiller
Et nous vous demandons pardon
Si c’est la nuit que nous vivons
Votre reine ne pleurez pas
Soyez bien sage, elle reviendra
Tendez la main à un ami,
Et je vous rendrai la magie